La reprise d'une entreprise est un projet complexe qui implique souvent un engagement financier et émotionnel important. Dans les prochaines années, les opportunités de reprise seront de plus en plus nombreuses. Il pourra s'agir d'une transmission d'entreprise par la vente du capital-actions de l'entreprise ou simplement la remise d'un fonds de commerce. Afin de sécuriser et réussir une reprise d'entreprise, il convient de s'y prendre correctement. BusinessTransfer vous présente dans cet article les étapes d'une opération réussie par un salarié.

Dans quel contexte peut-on envisager d'acheter une entreprise dont on est le salarié?

Reprendre une entreprise peut être avantageuse pour le salarié dans la mesure où la structure est bien connue par ce dernier. Parfois, et suite au départ à la retraite du dirigeant, les profils des l'employés sont consultés et une demande est faite auprès des employés ayant le potentiel de reprendre l'entreprise, avant de mettre en vente. Cette idée montre la volonté du cédant à maintenir les valeurs de son entreprise et la transmission à ses propres salariés (management buy-out MBO ou management by-in MBI), avec qui il a travaillé pendant de nombreuses années. Un article de l'UBS rédigé par Patrick Forte, de UBS Transaction Advisory explique bien ce processus.

Profil type du repreneur

Le profil-type recherché d'un potentiel repreneur est décrit comme suit: personne se rapprochant de la quarantaine, et ayant travaillé en tant que cadre par exemple. Les trentenaires peuvent également représenter un atout pour la société, car on combine l'expérience et le prix de risques. Il y a donc de réelles opportunités à reprendre des PME, avec des cédants toujours prêts à aider les futurs acquéreurs pendant la transmission, notamment par le biais d'une phase d'accompagnement ou d'un crédit vendeur. Si un seul salarié souhaite reprendre l'entreprise, il sera considéré comme un repreneur externe et pourra acquérir soit le fonds de commerce, soit les partisans de la société en fonction de ce que souhaite le cédant.

Combien de temps dure une cession d'entreprise?

Évidemment, acheter une entreprise demande du temps. Même si le repreneur travaille dans l'entreprise, il faut compter en moyenne 12 mois entre la négociation relative à la fixation du prix d'achat, le financement et les différentes démarches juridiques et administratives à réaliser. Le statut choisi allonge aussi les temps de transmission, sans parler de la recherche des financements nécessaires à la transaction. Pendant cette période, il est essentiel que l'employé-acheteur se rapproche du cédant et le suive dans toutes ses démarches de dirigeant. C'est-à-dire, préparer l'employé au management de l'entreprise.

Bien s'entourer: la clé pour minimiser les risques!

Enfin, bien s'entourer est essentiel ! En effet, il est primordial d'apprendre à déléguer les tâches aux bonnes personnes. Un expert-comptable ou fiscal vous conseillera dans la création du meilleur montage financier ou dans la création d'une entité juridique. Il pourra ainsi calculer au juste prix la valeur de la cession des actions. Un avocat spécialisé et un notaire vous accompagnera également dans la rédaction du contrat de vente et l'établissement des actes juridiques.

Créer ou reprendre une entreprise?

Selon le Recensement fédéral des entreprises, réalisé en 2008 par l'Office fédéral de la statistique (OFS), le taux de survie moyen des nouvelles entreprises n'a pas changé en Suisse ces dernières années: environ 80% subsistant un an après sa création et est légèrement inférieur à 50%, cinq ans plus tard. De ce fait, on constate que la création d'une nouvelle entreprise présente plus de risques pour l'entrepreneur et dans la majorité des cas, le rachat ou la reprise d'une entreprise est privilégié. Effectivement, dans ce dernier cas on ne part pas de zéro ! On reprend une entreprise avec une base de clients déjà existante et un savoir-faire solide. D'après une étude de l'Université de Saint-Gall, environ 70 000 PME suisses seront transférées d'ici à 2021. Ces entreprises représentent plus de 400 000 postes, soit environ 10% des effectifs nationaux ! Sur le portail PME de la Confédération suisse, un article souligne que dans ce cas de figure, le taux de survie à cinq ans de l'entreprise se monte à 95%. Ce taux tombe malheureusement à 50% dans le cas d'une création d'entreprise.

Quelques chiffres sur la reprise d'entreprise à Genève

En ce qui concerne les reprises d'entreprise, Monsieur Kustrim Reka, délégué au développement économique du canton de Genève, estime, selon ses analyses, qu'il y aurait en moyenne 840 entreprises par année concernée par ce sujet (voir présentation de sa conférence "Créer ou reprendre une entreprise, quels avantages ?"). Les acquisitions d'entreprises ne sont pas si simples. Au moins 50% ne parviennent pas à atteindre leurs objectifs et les attentes de départ.

Se préparer, s'organiser et s'investir à 120%

Il faut se préparer à s'investir à 120%. En effet, la transition du salarié à patron est très éprouvante ! Le nouveau patron doit porter sur ses épaules l'ensemble de l'entreprise. Il doit par exemple assurer à la fin de chaque mois le versement des salaires à ses employés et assumer toutes les responsabilités liées à la production et au service de la clientèle. Mais pour réussir, il est primordial d'avoir un état d'esprit d'entrepreneur. Il faut être polyvalent et aussi un excellent communicateur pour montrer l'exemple à suivre, par exemple à ses commerciaux, en allant chercher soi-même de nouveaux mandats.

L'évaluation: un passage obligé !

Reprendre une entreprise n’est pas facile : pour bien débuter, le repreneur doit établir le bilan de ses points forts et ses limites. De plus, faire auditer une entreprise par des professionnels permet de vérifier si l'état des lieux (qui a été dressé par le cédant) est proche de la réalité. Ceci dit l'analyse économique et financière n'est qu'une partie du plan de reprise défini par le repreneur. Ce dernier devra aussi être capable d'évaluer le potentiel de développement de la structure en élaborant un prévisionnel sur 3 à 5 ans. Il est nécessaire de se poser des questions relatives à l'évolution de l'activité ou à la rentabilité de la société à terme, et ceci afin d’évaluer les potentialités au-delà des résultats comptables présentés par le cédant.

Financement: un apport personnel de 20 à 50%

Trouver des financements est une étape délicate lors de la reprise d’entreprise. Il faut prendre en compte les éléments suivants lors de la recherche de financement : mécanismes, fonds propres, amis, prêts bancaires, cautionnement, etc. Votre apport personnel doit être, en général, de 20 % à 50 % du prix de vente. De plus, il est essentiel de rappeler que les banques financent difficilement la reprise d’une entreprise sans garantie. C’est pourquoi, il est nécessaire de présenter un projet détaillé de la manière suivante : établir dans un premier temps un business plan rédactionnel et financier et démontrer vos compétences commerciales, techniques, juridiques et managériales.

Quelques sources de financement

Pour plus d’informations à ce sujet, vous avez la possibilité de vous renseigner auprès des organismes publics ou associations nationales, comme le Service de la Promotion Économique de Genève (SPEG), la Jeune Chambre Internationale (JCI) ou le Cautionnement Romand ou encore, vous diriger vers un Business Angel. Vous pouvez également vous adresser à votre famille. En effet, grand nombre d’entreprises a vu le jour grâce à l’aide familiale ou de ses proches. Enfin, n’oubliez pas qu’une partie de la reprise d’une entreprise peut être financée par le cédant lui-même. Un crédit-vendeur ou une part du prix pourrait être annexé aux résultats futurs.

Pour conclure

Quelles que soient les modalités de transmission, acheter une entreprise nécessite des connaissances fines et d’excellentes capacités de négociation. Un des secrets de la réussite de cette opération est de se diriger dans un domaine où le futur patron a déjà une grande expérience et maîtrise tous les aspects du marché et de la concurrence. De plus, la plus grande difficulté sera de trouver une bonne opportunité de reprise avec un potentiel de développement intéressant. Une fois la perle rare trouvée, il faudra encore effectuer une Due Diligence et une évaluation financière de l’entreprise afin d’éviter toute mauvaise surprise. Finalement et si tous les indicateurs sont au vert, il faudra encore trouver les fonds propres et le financement nécessaire à son acquisition. En respectant toutes les étapes de la reprise d’une société, vous limiterez les causes principales d’échec auxquelles sont confrontés les salariés qui deviennent leur propre patron.