Faut-il acheter une entreprise en période de pandémie ?

Depuis le mois de mars 2020 et jusqu’à aujourd’hui une année est passée et le bilan économique est lourd ! La pandémie a ravagé certains pans de l’économie : le tourisme, les loisirs, la culture, l’événementiel, la restauration, l’hôtellerie... Derrière tous ces piliers de l’économie sinistrés, il y a encore des dégâts économiques collatéraux comme des milliers d’entreprises sous-traitantes et divers fournisseurs de produits ou de services. Beaucoup de ces acteurs ont perdus entre 20 et 70% de leur chiffre d’affaires.

Situation actuelle des entreprises (février 2021)

Le bilan étant posé, on peut se demander combien de temps durera les restrictions liées au Covid-19 ? Plusieurs experts annoncent une année 2021 en demi-teinte et au plus tôt un redressement durable à l’été 2022. Par analogie, s’il on reprend la grippe espagnole de 1918, elle avait duré 3 ans jusqu’en 1921 avec 3 vagues successives. https://fr.wikipedia.org/wiki/Grippe_espagnole.

Néanmoins, la situation des entreprises victimes de la pandémie diffère selon les cas ! Par exemple, l’hôtellerie de montagne s’en sort mieux que l’hôtellerie de ville où les voyages d’affaires sont à l’arrêt, ainsi que le tourisme, les salons d’affaires, etc. De même, dans le domaine de la restauration où la restauration classique en salle est à l’arrêt alors que la restauration rapide ou à l’emporter ainsi que la livraison à domicile s’en sort mieux ! Il y a aussi d’autres secteurs fortement touchés comme la mode, l’horlogerie et la distribution qui ont souffert durant cette pandémie, tout en sachant qu’une minorité d’entre-eux ont su tirer leur épingle du jeu en misant sur la vente en ligne.

Les solutions pour traverser la crise

Beaucoup d’investisseurs cherchent activement des opportunités à saisir en étant conscients que leurs cibles sont affaiblies financièrement et que c’est peut-être le bon moment pour faire des offres à la baisse. En effet, la grande majorité des chefs d’entreprises affectés financièrement et moralement sont plus vulnérables et finalement n’ont pas vraiment le choix que de vendre à perte ou faire faillite.

Les exploitants auraient besoin de liquidités pour tenir ou rebondir dans leur activité en s’adaptant à la situation actuelle (par exemple le développement de la vente en ligne, service à domicile, service de livraison, l’automatisation, etc.). Pour y parvenir, il y a les aides publiques promises par l’Etat, sans savoir quand elles arriveront et si elles seront suffisantes ? D’autres idées pour trouver des liquidités plutôt que de vendre, essayer de trouver un associé ou un financement à long terme en attendant la fin de la pandémie. Il y a aussi des solutions extrêmes, par exemple, dans le cas d’une société de capitaux, elle pourrait déposer le bilan et revenir sur le marché en créant une nouvelle société plus tard ? Bien que des solutions existent, elles sont difficilement applicables dans la majorité des cas. En effet, après une année de pandémie, le mal est fait et très souvent, l’accumulation des impayés s’empile et les caisses sont vides. A ceci il faut encore ajouter la détresse morale de beaucoup de petits partons qui, pour beaucoup, ont déjà fermé boutique !

Les investisseurs en recherche d'opportunités

Il est fort à parier que le nombre de transmissions de fonds de commerces et d’entreprises va s’accélérer ces prochains mois. Parallèlement, le nombre de cessations d’activités et de faillites va aussi augmenter si on se basse sur l’enquête menée par Gastro Vaud. La clôture des comptes 2020 va apporter son lot de problèmes ! En effet, il est d’ores et déjà évident que le bouclement de la comptabilité des comptes 2020 va mettre en lumière que l’article 725 Co est touché pour des milliers de sociétés en Suisse et que logiquement, beaucoup seront en situation de surendettement et devront malheureusement déposer leur bilan. Ils ont peut-être déjà mis la clé sous la porte sans boucler les comptes 2020.

Beaucoup de patrons n'ont plus vraiment d'alternatives que la vente

En outre, beaucoup d’acteurs économiques prétendent que la sortie de la pandémie va modifier pour longtemps les habitudes de déplacement et de consommation de la population et impacter de manière durable toute l’économie de proximité.

Dans ce contexte, les acheteurs potentiels connaissent ces problématiques et en profitent ! Il n’est pas rare de voir des offres de reprise avec une baisse par rapport au prix demandé de 30 à 70% de moins que la valeur du marché avant la pandémie Covid. Pour leur défense, les acquéreurs estiment prendre un risque car la pandémie n’est pas terminée et personne ne sait avec précision quel sera notre futur et à quelle date les affaires reviendront à la normale ! Souvent, ils vont repousser la prise de possession de l’affaire le plus tard possible, pour éviter de démarrer durant les restrictions. Finalement, devant toutes ces contraintes, le vendeur, n’ayant plus d’autres alternatives, acceptera souvent l’offre proposée.

Pour revenir à la question principale de cet article: "Faut-il acheter une entreprise en période de pandémie ?", la réponse est certainement positive. Les opportunités sont plus nombreuses aujourd'hui qu'après les crises de 2007 ou même celle des années 1990. Les prix de cession sont à la baisse et les opportunités ne manquent pas ! Cependant il faudra être capable de bien relancer son entreprise après la sortie de crise et se réorganiser en tenant compte du bilan de la pandémie et des enjeux futurs. Le professeur de management Raphaël H. Cohen a donné quelques pistes de réflexion aux entreprises pour traverser la crise et rebondir.